+ 47% : Pourquoi ?
Cette décision a été prise par la société April pour les contrats de prévoyance (indemnités versées en cas d’incapacité de travail) des paramédicaux et notamment des infirmiers et des kinés. Les raisons invoquées sont d’une part l’augmentation importante des arrêts de travail dans ces activités, et d’autre part, le mauvais rapport qu’ils ont eu entre les primes (cotisations) encaissées et les indemnités versées.
Alors, nous pouvons comprendre qu’ils cherchent à rééquilibrer leurs comptes et nous satisfaire de cette explication mais comment expliquer un tel ajustement ? J’ai, pour ma part, deux hypothèses qui peuvent l’expliquer : soit il s’agit d’une manœuvre de dumping de la part d’April, soit ils ont commis une grossière erreur de tarification.
– Le dumping
C’est une pratique qui est assez connue dans les assurances, et généralement l’œuvre de compagnies bien connues. Lorsque je me suis installé j’avais donc déjà en tête d’éviter ces sociétés et de me concentrer sur des partenariats plus « fiables ». J’ai sans doute pêché par naïveté mais l’image que j’avais d’April était plutôt bonne et je pensais me prémunir contre ces pratiques. En effet, mon objectif n’a jamais été de changer tous les ans les contrats de mes clients, surtout pour de la prévoyance où l’ancienneté à des avantages.
Le dumping consiste donc à proposer une offre tarifaire très intéressante, meilleure que la concurrence, cassant même les prix, dans le but d’attirer massivement des souscriptions. Enfin, au bout d’un certain temps, la compagnie décide de remettre son produit au prix du marché.
Alors, vous allez penser que ce calcul n’est pas le bon et que tout le monde va les quitter suite à ces annonces ? et bien non, c’est justement là où cette manœuvre est une bonne opération. Déjà, lorsqu’ils augmentent leurs tarifs ils font en sorte que le nouveau soit toujours dans le marché existant. Ainsi, « tarifairement », l’intérêt de changer se discute.
Et, surtout, sur la masse des clients attirés ils savent pertinemment qu’un certain pourcentage ne les quittera pas et ce pour plusieurs raisons : pas le temps de s’en occuper, pas le courage partant du principe que c’est partout pareil, découverte de pathologies plus assurables…
Admettons désormais que je crois en leur discours et qu’ils n’ont pas sciemment pratiqué du dumping. Dans ce cas, l’explication de cette énorme augmentation, serait que leurs actuaires se sont complètement trompés. Or, cela fait des années que j’entends, dans des compagnies différentes, que les paramédicaux sont compliqués à assurer à cause d’arrêts de travail plus fréquents que dans d’autres activités. Donc, si moi je le savais, je ne comprends pas comment eux pouvaient l’ignorer !!
Mais admettons (comme pour la chauve-souris de Bigard, celui d’avant) s’il s’agit d’une erreur de leur part, pourquoi ne l’assument-ils pas et pourquoi la faire payer si violemment à leurs clients ? Et, quid de la mutualisation ? L’idée est d’équilibrer le rapport sinistres sur primes au global de leur portefeuille client pour appliquer, là encore, globalement des hausses maîtrisées plutôt que 47% sur une ou quelques activités en particulier.
Malheureusement, ils n’ont pas l’air de se remettre en question, mais comment continuer à leur faire confiance ? surtout quand on analyse les conséquences pour les personnes concernées.
– Quelles conséquences pour les titulaires de ces contrats ?
La première d’entre elles est claire : avoir une cotisation d’une année sur l’autre 47% plus élevée !! Une fois cette information connue il faut alors se poser la question du maintien de son contrat dans cette compagnie. Oui, comment faire confiance de manière durable à une compagnie qui a, soit prémédité son coup, soit commis une grossière erreur ?
Si, donc, la volonté est de les quitter, les clients devront alors recommencer de nouvelles démarches d’adhésion vers une nouvelle compagnie. Quoiqu’il en soit, l’augmentation de la cotisation, que ce soit en restant malgré tout chez April, ou que ce soit auprès d’une nouvelle compagnie (le choix d’April avait été fait pour, entre autres, un tarif intéressant et donc un nouveau contrat correspond à une cotisation qui sera plus importante), aura bel et bien lieu.
Là où les conséquences seront plus importantes, et c’est ce que je considère comme une prise d’otage, concerne les personnes ayant eu, au cours de leur engagement dans cette compagnie, un arrêt de travail. Car, en effet, de nouvelles démarches d’adhésion entraineront de nouveaux questionnaires de santé. Or, aujourd’hui constatant que les assurances, dans leur ensemble, n’acceptent plus vraiment les risques, un questionnaire mentionnant une pathologie ayant eu pour conséquence un arrêt de travail se soldera très certainement par une exclusion et/ou une surprime.
Pour ces personnes : soit vous subissez la politique d’April sans rien dire (mais en perdant confiance), soit vous changez de contrat et acceptez une exclusion…le résultat est donc, pour elles, perdant ou perdant.
Alors bien sûr, ces situations ne sont pas nouvelles, ont déjà existées et sont connues. Pour ma part, je pensais avoir fait les bons choix de partenaires. Et, ce n’est pas parce que ces pratiques sont connues qu’il ne faut pas non plus s’en offusquer. L’important, en tant que client, est d’avoir les bonnes informations et d’être accompagné dans les choix à faire pour prendre les bonnes décisions.
C’est bien entendu le principe d’Aes Conseils : transmettre les informations en toute transparence et objectivité sans parti pris et toujours être aux côtés de ses clients même dans ces situations.